girls just wanna have fun ❥ MARLANI

J’attendais avec impatience la fin des cours. Oui, moi, Kalani Harris, qui avais toujours aimé l’école… Le professeur signalant la fin du cours sonna comme une véritable délivrance pour moi. Non que son cours n’était pas intéressant, pas du tout. Au contraire, nous avions bossé sur du Somerset Maugham et j’avais trouvé une citation très belle, extraite de L’envoûté : « La beauté, c'est quelque chose de rare, de merveilleux, que, dans le tourment de son âme, l'artiste extrait du chaos universel. Et, quand elle est créée, il n'est pas donné à tous de la voir. » Je la répétais mentalement. Mais si j’étais contente de sortir de cours, c’est parce qu’on était samedi matin et que ça signifiait le week-end. Surtout, j’avais prévu de passer la soirée chez ma meilleure amie, Marloes. Nous avions programmé cette soirée depuis plusieurs jours déjà. Une fois rentrée chez moi, je me mis à la préparation d’un cheesecake oreo. J’aimais beaucoup faire la cuisine, j’avais des bouquins, je suivais des émissions, je m’entraînais avec ma grande sœur Dannie. Ça avait beau faire un peu cliché, mais au moins, quand je serais mariée, je saurais préparer à manger. Ça me prenait toujours pas mal de temps, mais je voulais faire plaisir à ma meilleure amie. Le biscuit, la crème, les Oreo. Ce n’était pas la première fois que j’en faisais et je savais que cette recette était une pure merveille, tant qu’on aimait les Oreo. Je me doutais que nous allions manger des pizzas, comme chaque fois que nous nous retrouvions et ça ne collait pas très bien avec un cheesecake, mais ce n’était pas grave. Un cheesecake, c’était toujours bon, quoi qu’on ait mangé avant. Une fois le cheesecake terminé, j’allai me préparer moi-même. Je m’habillai plutôt simplement, après tout, je n’allais que chez Marloes, je n’avais pas l’intention de sortir à proprement parler.

« J’y vais, Lennie. » « D’accord, sois prudente ! » « Oui, bonne soirée ! » « Merci, à toi aussi ! » J’avais déjà informé ma grande sœur, avec laquelle je vivais, de mes plans pour la soirée. Je m’emparai de mon sac à main et d’un sachet plastique contenant le cheesecake, le tenant comme si c’était un paquet fragile. Peu de temps après, j’arrivais chez ma meilleure amie et je sonnai à sa porte, pressée de passer un peu de temps avec elle.

Quand elle ouvrit la porte, vêtue de son pyjama trop mignon, Marloes semblait autant en forme que moi-même. Elle posa aussitôt les yeux sur mon sachet et, devinant ce qu’il y avait à l’intérieur, y porta plus d’attention qu’à moi-même. Amusée, je souris. Au moins, elle appréciait ce que je préparais en cuisine, ça me faisait toujours plaisir. Elle s’en empara immédiatement pour m’en débarrasser et je la suivis à l’intérieur. « Je sais que je suis la meilleure des amies pour toi. » Je disais ça sans me vanter, c’était elle qui me le répétait parfois. J’étais sa meilleure amie, non ? « Oui, je m’en suis douté. Des pizzas, c’est parfait. » Le plat universel. C’était généralement ce que nous mangions, de toute manière, sauf quand nous sortions ou que j’avais envie de préparer quelque chose à manger. D’ailleurs, quand Marloes rappela un épisode où l’intervention des pompiers avait été nécessaire, je ne pus m’empêcher de rire de bon cœur. « Pourquoi, un pompier, c’est ton fantasme ? » Je savais que pas mal de filles aimaient les gars quand ils étaient en tenue de travail, comme les flics, les infirmiers ou ce genre de choses. Bien entendu, je disais surtout ça pour l’embêter, mais je m’arrêtai immédiatement quand j’aperçus de loin le père de ma meilleure amie. Ouf, il ne semblait pas avoir entendu. J’allai vers lui pour le saluer. « Bonsoir, Monsieur Horsfall. » « Bonsoir, Kalani. Je vous laisse, amusez-vous bien ! » Vu la façon dont il s’échappa à l’étage, je me doutais bien que Marloes lui avait fortement recommandé de ne pas rester dans les parages. C’était un peu la même chose, quand j’étais chez mes parents. Maintenant que je vivais avec Lennie, c’était un peu plus cool.

Je rejoignis d’un bond ma meilleure amie dans le canapé. J’adorais ce genre de soirées. Vernis à ongle, épilation, magazines de modes, tests de différentes tenues et coiffures, films à l’eau de rose, discussions de filles. Régulièrement, on s’en organisait et j’attendais toujours ça avec impatience. Même si là, Marloes semblait décidée à me cuisiner un peu. Rougissant aussitôt, j’eus le réflexe de baisser la tête. Elle savait à quel point, de nature, j’étais réservée, fragile et combien je manquais d’assurance ; ça ne devait donc pas l’étonner. Je profitais de la sonnette pour bondir du canapé. Sauvée par le gong ! Je savais qu’elle reviendrait inévitablement là-dessus, mais j’avais au moins gagné quelques précieuses secondes. « Voilà les pizzas ! » Je me précipitai vers la porte et l’aidai à porter les pizzas. Deux, ça faisait beaucoup pour nous ! « J’ai l’estomac dans les talons, on mange maintenant ? »

Du vernis à ongles, du maquillage, des vêtements, des films à l’eau de rose, des pizzas, du cheesecake… N’étaient-ce pas les ingrédients idéaux pour la soirée parfaite ? En tout cas, j’en étais personnellement convaincue. Il ne me fallait rien de plus pour m’amuser avec Marloes. En réalité, j’avais juste besoin de sa présence. Le reste… Je savais que le reste importait peu, tant que ma meilleure amie était là, je serais bien. Avec un sourire, j’attachai mes longs cheveux blonds qui me gênaient un peu. « Vivre avec ma sœur ? C’est bien… » Je n’avais aucun souci avec mes parents, bien entendu. Mais d’une certaine manière… J’avais toujours été très attachée à mes frères et sœurs. Marloes le savait très bien. En tant que petite dernière d’une fratrie aussi nombreuse, j’avais toujours été assez dépendante d’eux. Quand les deux aînés avaient quitté la maison, c’était la fin du monde pour moi… Mes frères et sœurs étaient vitaux pour moi, j’avais besoin de les voir ou de les entendre quasiment tous les jours. « J’aime bien mes parents, mais mes frères et sœurs… Tu sais, ce sont mes frères et sœurs. Avec Lennie, on se prend un peu la tête des fois, mais sans plus. Je regrette rien. » Une fois les pizzas arrivées, je n’avais qu’une envie, me jeter dessus. Contrairement aux apparences, je n’avais rien d’une anorexique. Mais voilà, Marloes avait décidé de m’embêter avant. Je levai les yeux au ciel. C’était elle tout craché ! « Toi, alors ! » Je détournai légèrement la tête en m’installant en bas du canapé. Oui, en bas. Depuis toute petite, j’avais une fâcheuse tendance, celle de m’installer par terre. Fâcheuse pour mes parents. « Tu sais qui est la raison de mon rougissement… » Je me raclai la gorge. Légèrement. « Il m’a invitée. J’ai failli t’appeler au téléphone tout de suite après en hurlant ! C’est aussi pour te parler de ça que je voulais te voir ce soir. Mais… Mais j’préfère pas m’emballer, quand même. Tu me connais. »