don't take what you don't need from me (r)

Comme chaque matin Ollie s’était levé tôt. Il comptait aller courir afin de se changer les idées. Sa vie n’était pas aussi simple qu’il l’aimerait. En revenant ici il pensait se poser et pouvoir écrire comme il le souhaitait. Les complications de la vie ne lui permettaient pas de se concentrer assez. Il était envahi de pensées négatives. Pour se soulager il courrait. Afin d’être sûr d’être seul il s’était levé encore plus tôt. Le réveil n’était pas évident sachant que la veille il était allé boire plusieurs verres avec des amis. Il ne pouvait pas dire non à un verre. Cependant cela ne devait pas être une excuse pour lui de rester au lit. Le sport c’était sa drogue à lui. Surf, endurance, handball tout y passait. Il prit toutes ses affaires autrement dit une serviette, une bouteille d’eau et sa musique. Une fois prêt il prit sa voiture et commença à conduire jusqu’à la plage. Il n’avait pas pris sa planche avec lui. Il avait seulement eu envie de courir jusqu’à épuisement. La plage était déserte. Il mit ses écouteurs dans ses oreilles et se prépara à courir quand soudain Ollie s’aperçu qu’il n’était pas seul. Elle était là en train de s’installer pour courir. Ne sachant pas quoi faire de lui-même il décida de commencer à courir en premier. Il se disait qu’en arrivant à la semer il n’aurait pas à avoir une discussion gênante. En effet depuis l’annonce de la grossesse de la jeune femme Ollie l’évitait soigneusement. Contrairement à ce qu’on pourrait croire que n’était pas la déception de savoir qu’elle avait été assez naïve pour cacher avec son cousin qui l’animait. Il lui en voulait parce que s’il l’avait su jamais il n’aurait été aussi proche d’elle. Jamais il ne se serait laissé aller à s’attacher à ce petit bout de femme qui lui avait redonné le sourire. Autrement dit Ollie éprouvait pour elle bien plus que de l’amitié et savoir qu’elle attendait l’enfant d’un autre le blessait. Savoir que c’était celui de son cousin l’achevait. Au lieu de se comporter comme un adulte et d’être honnête il fuyait à chaque fois cependant cette fois-ci Lennie ne semblait pas vouloir le laisser partir aussi facilement. Sentant qu’il était suivi il comprit qu’elle était derrière lui. Ollie essayait de croire qu’elle voulait simplement le dépasser pas d’entamer une conversation afin d’essayer de le comprendre. Si c’était le cas il allait devoir trouver rapidement une excuse pour ce sortir de là. Il n’était pas disposer à s’ouvrir à la jeune femme et surtout pas aujourd’hui.

Oliver, c'est le cousin de Reggie. Si au premier abord, les deux énergumènes arboraient des personnalités quasi indissociables, Lennie se rendit compte bien vite qu'Oliver était un homme plus posé, plus expansif que son cousin. Ce qui expliquait certainement pourquoi Lennie se sentait étrangement mieux aux côtés d'Oliver. Les deux jeunes gens avaient d'abord des rituels bien à eux. En effet, le matin, le jeune homme parcourait la plage de sable fin, Lennie à ses trousses ; l'après-midi, il lui apprenait à tenir sur une planche de surf, et pour cela, il lui fallait faire preuve d'une grande patience. Enfin, le soir, c'était au tour de Lennie de lui faire part de ses étendues connaissances en matière de gastronomie. La moitié du temps, ces petites séances de cuisine se transformaient en batailles de nourriture car malgré sa bonne volonté, le jeune homme avait bien du mal à se concentrer sur les recettes. Lennie aimait passer ses journées à l'écouter parler ou rien qu'à l'observer. A l'observer tracer quelques mots sur un bout de papier alors qu'elle faisait mine de parcourir les pages d'un vieux roman. Pourtant, depuis quelques jours, le jeune Keynes rejetait tous les appels de la jeune femme. En effet, depuis qu'Oliver avait eu vent du secret unissant Lennie à Reggie, il cherchait à tout prix à éviter la brunette. Elle lui en voulait terriblement et pourtant, une part d'elle comprenait parfaitement ses agissements. Elle se sentait coupable (non pas vis-à-vis de Reggie qui n'en avait probablement rien à taper de sa bonne santé) mais coupable de s'être rapprochée d'Ollie et d'avoir fini dans les draps du cousin de ce dernier. La nouvelle l'avait probablement blessé... ou alors il n'en avait que faire, à l'image de Reggie. Il y a quelques jours, deux semaines tout au plus, la jeune femme avait appris une nouvelle des plus déroutantes : elle attendait un enfant. Un enfant de Reggie. Ses nuits étaient ponctuées de bouffées de chaleur et Insomnie était devenue sa meilleure amie. Alors, ce matin-là, elle s'était réveillée à l'aube et avait décidé de courir le long de la plage histoire de décompresser et de faire le vide dans son esprit. Elle espérait également y croiser Oliver. Elle se saisit du nécessaire et fit claquer la porte de chez elle. Elle marcha longuement dans l'espoir de tomber sur le jeune homme, et alors qu'elle s'apprêtait à abandonner sa quête, elle l'aperçut là devant elle. « Ollie ! Il faut qu'on parle. » s'écria-t-elle. Aucun retour. Soit il ne l'entendait pas, soit il faisait tout son possible pour l'éviter. Il lui semblait que plus elle accélérait la cadence, plus il s'éloignait d'elle. Une idée lui traversa alors l'esprit. Elle le vit ralentir et elle s'échoua délicatement sur le sable fin avant de se mettre à hurler au secours. « Aaaaah ! Ollie, attends ! Aaah. » Il n'allait tout de même pas laisser une jeune femme enceinte dans une telle position !

Elle ne savait pas si son plan allait fonctionner mais il fallait bien qu'elle tente le tout pour le tout pour attirer l'attention du jeune homme. Si lui mentir était l'unique solution qui se présentait à elle, alors elle ne se priverait pas d'user de ses talents de comédienne. Elle feignit une sorte de malaise et vit Oliver faire demi-tour et courir vers elle. Bingo ! Il avait cru à son manège et avait accouru à son secours. Lorsqu'elle vit l'expression d'inquiétude qui obscurcissait le visage d'Ollie, les remords s'emparèrent de tout son être. Elle n'avait pas le droit de jouer avec ses sentiments mais elle voulait absolument lui parler. Leurs conversations sans fin, leurs rires, tout lui manquait. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle ressentait pour lui, surtout que la situation dans laquelle ils se trouvaient était des plus délicates mais elle aimait passer du temps avec lui. Il lui demanda si elle allait bien, ce à quoi elle répondit par un sourire gêné. Elle prit une profonde inspiration.« Alors je commence par où ? Hm, j'ai couché avec le meilleur ami de mon frère qui va sûrement nous tuer en apprenant la nouvelle. Oh et petit détail insignifiant hein, je suis enceinte. Ouais, je sais, c'est fou, non ? Sans oublier le fait qu'un de mes meilleurs amis m'évite depuis l'annonce de la grossesse donc on peut dire que je suis une petite veinarde ! » Plus elle avançait dans son monologue plus sa voix s'élevait. Elle prit une nouvelle inspiration. Très bien, Lennie Harris allait très bien. Elle savait mieux que personne qu'elle ne pouvait pas blâmer Oliver pour ses propres erreurs mais il lui semblait impossible de ne pas reprocher à son interlocuteur son indifférence des jours passés. Elle se releva difficilement avec l'aide d'Oliver. « Et non, c'est pas le bébé. C'est toi ! » s'exclama-t-elle en frappant de son poing faible sur le torse de son ami. Elle attrapa ensuite sa manche et prit soin de s'y agripper de ses doigts tremblants. Il ne pouvait plus la fuir, il en était hors de question. Il ne pouvait pas échapper à la confrontation qui allait s'ensuivre. « Je t'interdis de refaire ça, tu m'as compris ? Ou la prochaine fois, c'est pas ton torse que je vise. De l'eau, passe-moi l'eau. » cria-t-elle. A première vue, on pouvait penser qu'elle n'était pas dans son état normal mais c'était du Lennie tout craché. Pas calme du tout, hyperactive sont les quelques adjectifs qui pouvaient qualifier Lennie. Elle plongea son regard dans celui d'Ollie avant de demander : « Pourquoi tu m'évites ? Est-ce que c'est Reggie ? Non, ça ne peut pas être Reggie, il ne sait même pas que je suis enceinte... Faudrait peut-être que je lui dise, tu penses pas ? » Et voilà, elle se perdait encore dans ses pensées. « Tu ne vas quand même pas priver cet enfant d'un tonton aussi génial ? » Elle devait vraiment arrêter de prendre les gens par les sentiments. Vraiment.

Il fallu peu de temps à Oliver pour se rendre compte que Lennie avait été assez perfide pour se servir de sa grossesse et le coincer quelques minutes. Comme toujours il s'était laissé attendrir par Lennie. Il se retrouvait piégé en face d'elle et la connaissant elle ne le laisserait pas partir aussi facilement. La preuve la jeune femme se lança dans un monologue afin d'expliquer pourquoi elle n'allait pas bien. Elle n'omettait aucun détail comme pour enfoncer le couteau dans la plaie. « En même temps personne ne t'a obligé à coucher avec lui. Tu es responsable de tes propres actions. » Lui expliqua Oliver. Il avait très envie de rajouter sur la capote existait, mais cela n'aurait servi à rien.Il ne voulait pas la blesser cependant il ne pouvait pas la laisser non plus se poser en victime. Si elle le considérait comme un ami il devait agir en tant que tel et se montrer honnête avec elle. Du moins en partie parce que sinon il aurait été obligé de lui expliquer pourquoi ça le rendait complètement dingue qu'elle soit enceinte de son cousin. Lennie ne pouvait pas s'empêcher de le harceler de question. Elle voulait savoir ce qui clochait chez Oliver pour qu'au lieu de la soutenir il l'a mette à l'écart. Mon dieu elle est aveugle ou elle le fait exprès ? Se demanda le jeune homme. Il avait l'impression que ses sentiments à son égard était évident. Un homme ne se comporte pas comme ça avec une femme juste parce qu'elle est une amie. Oliver ne l'a regardait pas comme une amie, il ne l'a traitait pas comme une amie. Bien au contraire il se montrait prévenant, poli même. Finalement il se disait qu'il aurait dû se comporter comme Reggie autrement dit comme un imbécile fini pour attirer son attention. « A quoi est-ce que tu t'attendais ? » Lui demanda Oliver. Il était le digne cousin de Reggie. Il n'était pas l'ami parfait qu'elle souhaitait. Il pouvait aussi se comporter comme un goujat parce qu'il n'avait pas eu ce qu'il voulait. Ce n'était pas censé se passer de cette façon-là. Il n'était pas d'accord. « Je devrais sauter de joie parce que mon cousin t'a mis en cloque, je devrais sauter de joie que tu es été assez naïve ou peut importe ce qu'il s'est passé dans ta tête pour accepter de coucher avec lui. » Rajouta le jeune homme. Il voulait cacher son mécontentement, mais il en était incapable. Il lui en voulait terriblement parce qu'il aurait aimé qu'elle le choisisse lui. Sa chance avec elle était passée depuis un bon moment. On aurait dit que Lennie tentait de remuer le couteau dans la plaie. Elle voulait de lui en tant que tonton pour son gosse. Oliver n'avait qu'une envie se creuser un trou pour se cacher dedans. Il allait devoir la soutenir, la regarder grossir et se rapprocher de Reggie sans pouvoir rien faire. « Tonton ? » Lui demanda Oliver. « Je suis bien trop jeune et beau pour être un tonton. » Lui fit remarquer le jeune homme. Il faisait de l'humour pour cacher son malaise. Il se connaissait assez pour savoir qu'au fur et à mesure il s'attacherait à ce gosse, à Lennie encore plus. Cependant comme elle lui a rappelé si bien il ne serait que l'oncle. Il ignorait s'il serait capable de tenir ce rôle.

Il lui reprochait désormais d'avoir couché avec Reggie. Elle se maudissait déjà assez pour cela, elle n'avait pas besoin qu'Oliver s'y mette aussi. Toutefois, dire qu'elle ne s'attendait pas à un reproche de la sorte serait mentir. C'est donc sans surprise aucune qu'elle reçut son jugement. « Wow, merci papa. La prochaine fois, je te consulte avant de coucher avec quelqu'un. » Lennie ne savait pas pourquoi elle réagissait de la sorte mais la remarque d'Oliver l'avait certainement un peu ennuyée. Elle haussa les épaules, elle n'avait, de toute façon, de compte à rendre à personne. C'était une grande fille qui allait devoir assumer les conséquences de ses actes. Elle lâcha prise et dirigea son regard vers l'océan. « A quoi est-ce que je m'attendais en couchant avec lui ou à quoi est-ce que je m'attendais en t'annonçant l'heureuse nouvelle ? Pas à tomber enceinte ni à ce que tu m'évites pour je ne sais quelle raison. » Naïve, ah ça, elle l'était ! Elle ne le niait pas. Passer la nuit avec le meilleur ami de son frère n'était pas une chose dont elle était fière. Cependant, sans machine à remonter le temps, elle ne pouvait pas tout effacer et recommencer. Tomber enceinte, ça n'était pas dans ses plans, pas pour des années à venir. Elle souhaitait encore profiter de ses années folles sans se soucier du lendemain et des responsabilités familiales. Pourtant, elle devait se rendre à l'évidence : fini la fête, fini la paresse, elle devait se prendre en main. Elle espérait seulement que sa famille la supporterait, qu'elle couvrirait ses arrières. Laszlo n'était pas la seule personne dont elle craignait la réaction. Comme allaient réagir les autres membres de la famille Harris ? Allaient-il la traiter d'irresponsable, lui refuser leur pardon, la laisser dans le pétrin ? Autant d'interrogations que de doutes qui envahissaient son esprit confus. Oliver ne comprenait pas. Il était bien trop occupé à lui reprocher ses actions. « Ecoute, je ne savais même pas que vous étiez de la même famille quand tout s'est déroulé, tu n'as pas le droit de me juger pour ça. Je sais que ça n'est pas une excuse mais je ne devrais pas avoir à me justifier. Il ne t'est jamais venu à l'esprit que j'avais envie d'me taper ton cousin ? Tu ne t'es jamais posée la question : 'ah, peut-être est-elle amoureuse de Reggie', je ne sais pas moi ?! » A vrai dire, elle ne savait absolument pas ce qu'elle ressentait pour Reggie. Une profonde affection, peut-être. Là n'était pas la question. Elle ne s'était pas donnée toute cette peine pour débattre de ses sentiments à l'égard de Reggie. Elle voulait juste discuter. A son grand bonheur, il semblait s'être calmé sur les reproches. Elle fit de même. « Trop jeune ? Je sais pas trop, t'as des rides qui commencent à apparaître à force de froncer les sourcils. » Elle prit une profonde inspiration et balança ses bras d'avant en arrière comme une enfant de six ans qui ne savait pas quoi faire de son corps. Elle se tourna de nouveau vers Oliver. « Je suis désolée, je voulais pas m'emporter, c'est juste que... » Une larme vint perler sur son visage de porcelaine. D'un revers de main, elle s'en débarrassa, tentant de faire bonne figure. « Je sais pas c'que j'vais faire, Ollie. »

La jeune femme était prise au dépourvue. Oliver ne lui avait jamais dévoilé cette facette de sa personnalité. Plus elle l'écoutait, plus elle se rendait compte qu'il était bien le cousin de Reggie. Car oui, auparavant, il lui semblait impossible que ces deux-là soient de la même famille tant leurs caractères respectifs s'opposaient. A présent, il n'y avait aucun doute : le même sang coulait dans leurs veines. « Tant mieux, Ollie. Je voudrais pas que mes escapades nocturnes soient la cause de tes insomnies. » Il ne cessait de critiquer Reggie mais là, tout de suite, il était en train de prouver à la brunette qu'il ne valait pas mieux. S'il y a une chose à laquelle elle ne s'attendait, c'était à ce qu'il lui demande si elle nourrissait des sentiments -amoureux- à l'égard de Reggie. Ce à quoi elle n'avait clairement aucune réponse. Elle passa une main sur son visage, elle n'était pas d'humeur à polémiquer sur le sujet. « Non ! Je sais pas, enfin, c'est pas la question, je- » En quoi était-ce si important ? Même si elle avait été raide dingue de lui -non, elle ne l'était pas- ses sentiments n'auraient pas été réciproques. Elle haussa les épaules. Lennie ne souhaitait pas que Reggie change pour elle, elle n'avait pas tellement le droit de lui demander une telle faveur. Elle souhaitait juste qu'il soit là, si ce n'était pour elle, pour l'enfant. Elle pourrait se débrouiller sans lui mais elle n'était pas certaine que le petit bambin puisse se passer d'une figure paternelle. Elle devait savoir si Reggie comptait l'épauler ou non, elle devait se préparer mentalement à tous les scénarios possibles. Il fallait d'abord pour cela qu'elle lui fasse part de son petit secret. « Je m'en remettrai. Je veux juste qu'il soit là pour l'enfant, pas pour moi. » Elle soupira. En effet, il avait raison. Sa décision avait été prise, elle garderait l'enfant quoiqu'il arrive. Oh, elle ne niait pas avoir été assaillie par les doutes mais tout cela était révolu. Elle s'était faite une raison. « Je pensais pas avoir d'enfants avant quelques années au moins, je pensais pas que ça arriverait maintenant. C'est bien ça, le problème. Je pense pas assez. » Si elle avait été à proximité d'un mur ou d'une quelconque surface plane mais solide, elle s'y serait sûrement cognée la tête à répétition. Elle se mit à réfléchir, elle ne pouvait pas forcer Reggie à être un père modèle s'il ne voulait pas de cet enfant. « Et puis s'il ne veut pas m'aider, tant pis, j'me débrouillerai. » Elle se mordit la lèvre inférieure pour empêcher les larmes de couler. Elle ne connaissait pas encore sa réponse mais elle concevait déjà le pire. Puis il y avait Oliver qui s'était toujours montré prévenant et attentif à ses besoins. Lennie n'était pas idiote, elle avait essayé de le retenir mais il ne cessait de la fuir, peut-être qu'elle devait le laisser partir aussi... Ce n'était plus Lennie ou le bébé. Il n'y avait pas de dissociation possible. Les deux allaient ensemble. S'il n'y avait pas d'enfant, il n'y avait pas de Lennie. « Ecoute, si la situation te rebute tant, tu peux t'en aller, je ne te retiendrai plus. » Lennie avait toujours été le genre de personne passant ses journées à prétendre pouvoir se débrouiller seule et ne pas avoir besoin d'une aide extérieure, or, tout le monde savait que ça n'était pas vrai. Seule, elle était désemparée.

Ollie envoyait un pic et Lennie répliquait. Ils n’étaient pas tendres l’un envers l’autre pour la première fois. Il savait très bien qu’il agissait comme un imbécile et que ça devait lui rappeler son cousin, mais il n’arrivait pas à s’en empêcher. Il prenait de la distance et fendait l’indifférence. Cela marchait puisqu’elle le croyait cependant ce n’était qu’une apparence. L’idée de l’imaginer avec Reggie lui restait en travers de la gorge. « Ce n’est pas mon problème de toute façon. » Lâcha Ollie. Il ne voulait pas se mêler de la vie sexuelle de Lennie. Ollie se demandait si elle faisait exprès de ne pas voir ses sentiments parce que ça l’arrangeait ou si elle était aveugle. Peu importe la réponse il n’en serait pas satisfait. Lennie ne niait pas ses sentiments pour Reggie. Elle semblait avoir dû mal à les combattre, à les accepter. Il n’aurait pas aimé être dans sa situation. « Je ne pensais pas que tu serais intéressée par lui. Enfin bon c’est ta vie. » Lui fit remarquer le jeune homme. Il était déçu de sa part. Il pensait qu’elle était trop intelligente pour se laisser avoir dans les filets de son cousin. Il ne rendait pas les femmes heureuses, il vivait au jour le jour. Lennie le savait pourtant elle se laissait tomber en amour pour ses beaux yeux. Il avait une haute opinion d’elle ce qui expliquait sa déception. Ollie aurait préféré qu’elle ait des sentiments pour lui cependant le cœur a ses raisons que la raison ignore. Il ne voulait pas en rajouter une couche, la rendre malheureuse en enfonçant le couteau dans la plaie, mais mettre ses émotions de cotés étaient difficiles. En tout cas Lennie nourrissait l’espoir que Reggie se comporte comme un homme autrement dit qu’il s’occupe du bébé. Ollie était mal à l’aise parce qu’il connaissait assez son cousin pour savoir qu’il ne le ferait pas du moins pas au début. Il met toujours du temps à s’apercevoir du bon chemin à prendre. Il ne voulait pas voir Lennie souffrir à cause de lui. « Honnêtement je ne peux te garantir sa présence. Il s’en mordra les doigts un jour où l’autre. » Lui confia Ollie. Il pensait ce qu’il disait. Il s’en mordait les doigts de laisser une femme comme Lennie lui glisser entre les doigts. Il aurait beau paniquer ce bébé serait le sien. D’une certaine façon Ollie l’enviait. Il ne voulait pas forcément de famille, mais il sait qu’il aurait été mieux dans cette situation. Il tenait aussi énormément à la jeune femme. Les larmes de Lennie lui brisaient le cœur. Elle souffrait de la situation. Elle semblait voulait ce bébé, son bébé de tout son cœur et elle se rendait compte qu’elle n’aurait peut-être pas tout ce qu’elle voulait. Reggie était loin d’être un modèle de sérieux surtout en matière de femmes. Ollie ne le jugeait pas parce qu’il comprenait qu’à son âge on a envie de s’amuser plutôt que de changer des couches. Il était simplement triste pour Lennie. « Contrairement à ce que tu peux penser je ne suis pas mon cousin. Je ne pars pas en courant. » Lui dit Ollie avant de s’amuser et de la prendre dans ses bras. Il n’avait pas réussi à rester de marbre devant l’émotion de Lennie. Il ne pouvait pas la laisser toute seule. Il en aurait eu envie parce qu’il était blessé, mais il n’y arrivait pas. Il n’était pas quelqu’un de méchant, ce n’était pas dans sa nature. Il risquait de payer cher sa gentillesse, mais c’était plus fort que lui. « Je suis là d’accord ? » Rajouta le jeune homme tout en se recula et en séchant ses larmes. Il ne voulait pas voir des larmes sur un si beau visage. Il mettait sa fierté de côté pour le bien de Lennie. Il faisait passer ses besoins avant les siens.

Oui, ça n'était pas son problème. Elle n'avait pas à lui dresser le tableau de toutes ses conquêtes. Pourquoi insistait-il seulement sur le sujet ? Était-il jaloux ? A cette pensée, un sourire quelque peu nerveux se dressa sur son visage de porcelaine. C'était impensable, ils étaient juste amis. Elle ne lui avait jamais envoyé de signaux ambigus. Peut-être l'avait-elle fait involontairement ? Non, Oliver Keynes était juste l'un de ses plus proches amis; elle insista sur ce point. Elle ignora ainsi sa remarque, perdue dans ses pensées. Elle haussa juste les épaules. Il ne pensait pas qu'elle s'intéresserait à son cousin. Certes, il n'était pas aussi attentionné et sérieux qu'Oliver mais il n'était pas non plus si odieux. Elle aimait passer du temps avec lui, elle lui avait découvert une part de lui qu'il n'avait jamais dévoilé à personne : sa sensibilité. Mais ça, Oliver ne le savait pas. Alors quand il tenta de feindre l'indifférence, elle haussa de nouveau les épaules. Il ne pouvait lui garantir la présence de Reggie. Elle ne le lui demandait pas. Seul le temps pourrait répondre à ses interrogations et taire ses doutes. En attendant, elle se ferait du mouron et ruminerait dans son coin. Jusqu'au moment où elle prendra son courage à deux mains et avouera sa grossesse au père de l'enfant. « Tant pis, j'me débrouillerai. » répéta-t-elle. Elle n'y croyait pas, elle essayait juste de se convaincre qu'elle pourrait s'occuper d'un enfant toute seule, mais elle n'y croyait pas. Elle savait qu'elle allait avoir besoin de quelqu'un à ses côtés. Peut-être qu'elle pourrait se passer de la présence de Reggie mais l'enfant, lui, ne pourrait pas. Elle se maudissait d'avoir été si idiote, si faible. Elle n'avait pas réfléchi et elle allait en subir les conséquences. « Je ne te mérite pas, Ollie Keynes. » Il avait toujours été si... si parfait, si compréhensif et avait appris à ne jamais la juger. Enfin, jusqu'à aujourd'hui, mais elle ne lui en tenait pas rigueur. A sa connaissance, Oliver était encore un cœur à prendre, ce qu'elle ne saisissait pas. Toutes les filles auraient aimé se trouver à la place de Lennie... mais aux yeux de cette dernière, il n'était qu'un ami, rien de plus. Un ami qu'elle ne pouvait pas risquer de perdre. Elle ne se le pardonnerait jamais. Il la prit dans ses bras pour la réconforter, lui promettant de ne pas l'abandonner à son propre sort. Elle ne put réprimer ses larmes. Alors qu'il séchait ses larmes, leurs regards se croisèrent et la jeune australienne s'avança et scella ses lèvres à celles d'Oliver. Se rendant compte de son geste, elle se recula subitement et enfouit son visage dans ses mains. Quelle idiote ! Elle allait encore tout gâcher.

Ce dont Oliver avait eu envie depuis si longtemps était arrivé : Lennie l’avait embrassé. Pendant un bref instant Oliver prolongea ce baiser oubliant presque tout ce qu’l y avait autour. Il oubliait que Lennie ne le verrait jamais autrement que comme un ami, il oubliait qu’elle était enceinte de son cousin et qu’il souffrait énormément de la situation. Il se laissait aller comme s’il était dans un rêve. Puis la réalité repris le dessus lorsque la jeune femme se recula. Elle venait de prendre conscience de ce qu’elle venait de faire. Elle restait silencieuse, honteuse. Quant à Ollie il ne savait pas quoi dire. Il cherchait ses mots. Ce moment dont il avait rêvé ne s’était finalement pas déroulé comme il l’aurait voulu. « Lennie .. Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? » Lui demanda le jeune homme. Il ne voulait pas se faire des films en pensant qu’il se pourrait qu’elle ouvre les yeux pour se rendre compte que ce dont elle avait besoin était devant ses yeux. « Tu te sens seule et tu as besoin de quelqu’un, mais ce n’est pas de moi. Tu as besoin de lui et je ne suis pas Reggie je ne le serais jamais. » Lui expliqua Ollie.Il comprenait sûrement mieux la situation que la jeune femme. Dans un sens il ne pouvait pas lui en vouloir. Les hormones de la grossesse, l’attention qui lui portait. Il se doutait qu’elle faisait une projection cependant ce n’était juste pour personne. Comme il venait de le dire il ne pouvait pas être un Reggie de substitution. Il méritait mieux. Malgré l'affection qu'il avait pour Lennie il ne pouvait pas la laisser agir de la sorte. Il ne voulait pas être le second choix. « Tu n’as pas le droit de me faire ça pas après tout ce que tu m’as dit, pas après avoir fait semblant de ne rien voir à mes sentiments pendant si longtemps. » Rajouta le jeune homme. Il se rendait compte de ce qu’il venait de dire. Sa stupéfaction avait été si forte qu’il avait exprimé pour la première fois clairement ses sentiments pour Lennie. Il n’en revenait pas d’avoir été aussi stupide. Au lieu de la jouer cool et d’oublier tout cela en le mettant sur le compte de l’émotion il venait de se trahir. Qu’allait faire Lennie avec cette information ? C’est la question qu’il se posait. Elle pourrait sûrement partir en courant. Elle pourrait aussi faire face aux conséquences de ses actes. Certes le moment était mal choisi pour se déclarer, mais si Lennie n’avait pas fait ce premier pas vers lui jamais il n’aurait parlé. Il savait que Lennie ne voulait pas le blesser, qu’elle ne voulait pas jouer avec ses sentiments pourtant c’est ce qu’elle venait de faire. Maintenant la bombe était lâchée. Il ne pouvait pas se rétracter c’était trop tard. Ollie ne voulait qu’une chose : creuser un trou pour se cacher dedans.

Il ne l'avait pas repoussée. Il avait pris, lui aussi, part à ce baiser. Peut-être avait-il eu peur de la vexer, de lui faire du mal sachant qu'elle était enceinte et qu'il la pensait vulnérable. Ce qu'elle était mais elle ne saisissait toujours pas. Ou il attendait juste qu'elle fasse le premier pas. Elle émit un rire nerveux à cette pensée. Pas lui, pas Oliver. Il n'avait jamais été question d'amour ou de romantisme entre eux. C'était une relation purement platonique. Elle ne lui avait tout de même pas fait croire qu'il y avait plus que de l'amitié entre eux. L'avait-elle fait indirectement ? Le blesser n'avait jamais fait partie de ses intentions. Elle n'était pas si mauvaise. Elle ne souhaitait pas qu'il pense que pendant tout ce temps, elle s'était servi de lui. Alors oui, elle aussi se posait la question, à savoir pourquoi l'avait-elle embrassé ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi ? Elle n'en savait rien. « Je sais pas, je suis désolée. Tellement désolée. Je suis vraiment désolée. » Elle n'osa pas soutenir le regard d'Oliver. Il lui dit qu'elle avait besoin de quelqu'un mais que ce quelqu'un, ça n'était pas lui. Elle avait besoin de Reggie, c'est ce qu'il pensait. Lennie ne dit mot, mais s'il y a bien une chose dont elle était persuadée, c'était qu'elle avait besoin des deux jeunes hommes dans sa vie. Cela pouvait sembler égoïste mais elle ne se voyait pas continuer à vivre sa vie sans les avoir à ses côtés. « Je suis vraiment désolée. » répéta-t-elle pour la énième fois. Elle ne savait plus quoi dire. Et puis la confession d'Oliver la secoua. Elle ne s'y attendait pas. « Qu-Quoi ? » Il avait des sentiments pour elle. C'était donc ça la raison. C'était donc pour ça qu'il l'évitait depuis quelques jours. Il avait des sentiments pour elle et elle n'avait rien vu. Elle n'avait rien compris. Et puis elle avait osé lui demander de l'aider, d'être là pendant la grossesse. Elle lui avait parlé de Reggie, du bébé sans réfléchir et il était resté là à l'écouter, à la réconforter. Elle ne le méritait vraiment pas. Elle n'avait vraiment rien vu venir. Elle avait été tellement aveuglée par la grossesse, l'annonce de la grossesse, qu'elle n'avait rien vu venir. Elle restait là, immobile, ne sachant que dire ni que faire, n'osant pas croiser le regard pressant de son interlocuteur. Elle avait pu lire de l'amertume dans sa voix. Elle n'était pas une mauvaise personne, elle ne voulait pas qu'elle le juge. Pas lui, pas son meilleur ami. Elle allait déjà avoir droit aux représailles de ses proches et Reggie n'allait probablement pas très bien prendre la nouvelle, elle n'avait donc pas besoin qu'Oliver s'y mette également. « Olie, je n'en avais aucune idée, je suis désolée. Si j'avais su, je- » Quoi, qu'aurais-tu fait, se demanda-t-elle. Quelques semaines de grossesse seulement mais elle savait que le stress n'était pas une bonne chose. Ni pour elle, ni pour le bébé. « Pourquoi tu ne m'as rien dit ? On aurait mis les choses au clair, je t'aurais donné de l'espace, je ne sais pas, la situation n'aurait pas eu à être si dramatique, si inconfortable. »

Lennie, à l'image de beaucoup de jeunes femmes naïves, tombait toujours sous le charme d'hommes qui ne la méritaient probablement pas. A l'issue de chaque histoire amoureuse désastreuse, c'est pleine de désillusions, qu'elle allait noyer son chagrin devant un vieux film hollywoodien, gros pot de crème glacée sous la main. Peut-être, qu'intérieurement, elle pensait qu'elle ne méritait pas les gentils. Perdue dans ses pensées, la voix de son ami la ramena à la réalité. Il attendait le bon moment. Lennie avait appris au fil du temps que le bon moment n'était qu'un mythe. Le bon moment, ça n'existait pas. Le bon moment, c'était une excuse qu'on se donnait pour ne pas avoir à affronter ses démons, à affronter ses sentiments. Lennie ne croyait pas au bon moment. Elle n'attendait pas le bon moment pour annoncer sa grossesse à Reggie. Il n'y en aurait pas. Elle avait juste peur d'être rejetée. Quant à Oliver, elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ce qu'il ressentait pour elle. Elle n'en avait pas le droit. « Enceinte de mon cousin. » Ces quelques mots résonnaient dans son esprit embrumé. Un vent de panique s'empara de toute sa raison, de tout son être. C'était à son tour de vouloir fuir la conversation, fuir Oliver mais pouvait-elle vraiment lui faire ça après tout ce qu'il venait de lui avouer ? Elle ne répondait plus. Elle ne savait plus quoi dire, elle avait peur de compliquer les choses en ouvrant la bouche. Alors elle l'écoutait et ne disait rien. Elle sourit à sa remarque suivante. S'il y a bien une chose qui caractérisait Lennie, c'était son entêtement légendaire. On ne trouvait pas plus bornée. Elle ne baissait pas les bras tant qu'elle n'obtenait pas ce qu'elle souhaitait et désormais, Oliver le savait mieux que quiconque. Elle ne pouvait pas le laisser partir, il était l'une des rares personnes à la comprendre et à l'accepter. Accepter son excentricité, sa grande gueule, à l'accepter elle tout simplement. Qu'était-il censé faire ? Elle n'en avait aucune idée, mais s'il lui en avait peut-être parlé plus tôt, tout cela aurait peut-être été plus simple à gérer. « Je ne sais pas, Olie, j'en sais rien. » Lennie, pourtant attentive à chaque détail, n'avait rien vu venir. Jamais il ne lui était venu à l'esprit qu'Oliver pouvait avoir des sentiments pour elle. Elle se sentait comme une idiote, plantée là à ne rien faire, à ne rien dire. Il pensait qu'elle n'avait pas de sentiment pour lui, qu'elle était amoureuse de Reggie. Elle l'aimait son Reggie mais jamais elle n'avait parlé à Oliver de la nature des sentiments qu'elle éprouvait pour son cousin. Et ce, pour la simple et bonne raison, qu'elle ne savait pas ce qu'elle ressentait pour Reggie. Un ami, mais était-il bien plus que ça ? Elle ne saurait répondre. Les derniers mots d'Oliver la prirent par surprise et elle aurait voulu que la terre s'ouvre sous ses pieds. « Olie, ne dis pas ça, je t'en prie. » Elle s'approcha de lui et posa sa main sur la joue du jeune homme. Puis, elle eut un nouveau mouvement de recul. Le toucher comme ça, ça n'allait pas simplifier les choses pour lui. « Tu mérites mieux que moi et tu le sais très bien au fond de toi. J'aurais dû te laisser partir, je n'aurais pas dû m'accrocher. J'ai rendu les choses encore plus difficiles pour toi, pour nous. Je ne peux pas te demander de veiller sur le bébé... sur moi. Te voir souffrir, c'est la dernière chose que je souhaiterais. » Si elle cherchait à le faire fuir, à le perdre pour toujours, peut-être était-elle sur la bonne voie.