it’s set in my DNA (r)

"How did people get over this? They obviously did.
Every day someone fell in love with the wrong person and had to pack up all their fragile,
misguided hopes and unwanted affection, and move on.

« Oh Marloes, qu'est ce que t'as grandi. Tu ressembles de plus en plus à ta mère. » Marloes essaya de rendre son sourire sincère, mais elle savait bien qu'il devait sonner atrocement faux. Elle était habituée pourtant. Portrait cachée de sa mère, pas un jour ne passait sans qu'on le lui rappelle quelle femme formidable elle était. Marloes était fatiguée de ces remarques. A chaque fois, elle se contentait d'un merci et d'un sourire. Ca semblait faire l'affaire, parce que jusqu'à présent, personne ne semblait remarqué à quel point elle souffrait du manque de sa mère. « Merci. Est ce que ma sœur est encore là ? Question stupide. » Elle savait bien que sa sœur était encore là. Elle était toujours là. Parfois, Marloes se demandait même si elle n'avait pas un lit caché dans son bureau pour y passer ses nuits. « Laissez moi reformuler. Est ce que Willow a déjà déjeuné aujourd'hui ? » Un rire attendri se dessina sur les lèvres de son interlocutrice. « Elle est toujours dans son bureau. Tu sais où il est. » Marloes avait grandi entre ses murs. Elle se souvenait courir dans les couloirs quand elle était plus petite. Elle connaissait tous les recoins de la mairie, y compris les meilleures cachettes. Elle savait qui il fallait aller voir si on voulait des bonbons et qui il fallait soudoyer pour pouvoir organiser une super fête sur la plage. Poussant la porte du bureau de sa sœur, elle eut un sourire amusée quand elle vit le visage de Willow. « Super Marloes est là pour te sauver. Et elle meurt de faim, donc tu ne peux pas lui refuser un déjeuner. » Elle lui offrit son plus grand sourire, celui qui lui avait permis d'avoir une chien à 5 ans, alors même qu'elle avait tué son hamster quelques jours plus tôt (par accident, jusqu'à preuve du contraire.) « Je veux entendre aucune excuse. Aucun dossier ne pourra t'empêcher de te nourrir. » Elle entendait déjà les excuses de Willow déferlaient pire que les vagues sur la plage. « Aucune excuse Will. Tu ne veux pas à avoir à expliquer à tous les citoyens de notre belle vie pourquoi leur plus jolie voisine est devenue folle parce que tu ne l'as pas nourri. » Dramatique Marloes ? Ce n'était pas dans son caractère voyons.

En entendant la voix de sa soeur de l'autre côté de la porte, Willow ferma les yeux et contrôla sa respiration pour pouvoir rester calme. Elle savait exactement ce qui était à venir et elle aurait voulu pouvoir disparaître en un claquement de doigt pour éviter l'inquisition de sa petite soeur. Malheureusement elle n'était pas issue d'un film de super-héros ou de sorcières, et son bureau ne comportait pas non plus de cachette dans un des murs - elle était donc foutue. Quand la porte s'ouvrit, elle esquissa un énorme sourire un peu trop exagéré pour que sa soeur y croit. « Non, Marloes, je peux pas, j'ai une tonne de — » Son interlocutrice ne la laissa pas finir, refusant d'entendre quoi que ce soit. Les yeux de Willow glissèrent sur les papiers devant elle et elle lâcha un soupir de renoncement alors qu'elle fermait tous les dossiers ouverts pour faire de la place sur son bureau. « Tu sais que tu es un vrai petit monstre ? » Peu importe la façon, Marloes semblait toujours obtenir ce qu'elle voulait. Willow leva les yeux au ciel et se leva de son siège, contournant son bureau pour rejoindre sa petite soeur. « Je te préviens, on va se contenter de la nourriture de la mairie, je ne peux pas me permettre de partir trop longtemps et de t'offrir un repas mondain. » Elle accompagna sa soeur à l'extérieur de son bureau (un endroit dans lequel elle détestait laisser autrui fouiner, même s'il s'agissait de sa propre soeur ou de son patron) et ferma la porte à clé, faisant un signe de la main à l'adresse de la réceptionniste. « Comment tu vas ? Et... Comment va papa ? » Si Willow avait toujours été proche de ses parents et qu'elle avait encore de bonnes relations avec son paternel, elle évitait le domicile familial depuis son retour à Surfers Paradise, n'osant pas affronter le regard déçu de son père suite à son absence à l'enterrement de sa propre mère. Marloes était probablement la plus compréhensive à ce sujet, bien qu'il y allait de son petit commentaire de temps en temps.

Marloes n'avait pas encore poussé la porte du bureau de sa grande sœur, qu'elle entendait déjà ses excuses toutes faites. Heureusement, la jolie brune avait acquis un pouvoir de persuasion plus fort que tous les gadgets d'Iron man. Du moins, en ce qui concernait sa famille. Aucun Horsfall n'a jamais su résister à son visage de poupée et son sourire angélique. Will pouvait essayer de résister autant qu'elle voulait, c'était peine perdue et l’aînée s'en rendit vite compte. Un sourire sincère s'étira sur ses lèvres. « Tu ne savais pas que monstre était mon second prénom ? » qu'elle répliqua, faussement blessée. « Et tu oses prétendre être ma sœur. » Marloes était prête à protester, à s'indigner même,, mais s'estima heureuse qu'elle accepte de déjeuner. C'était une petite victoire. Elle ne s'était pas attendue à un repas mondain, une salade sur la plage aurait largement fait l'affaire. Elle s'inquiétait de plus en plus pour Willow, qui semblait passer tout son temps à la mairie. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois où elle l'avait vu en dehors de son bureau, peut être le jour de son arrivée. Marloes était heureuse du retour de Willow, mais parfois, elle avait l'impression que cette dernière était encore en Angleterre. « J'espère que leur nourriture s'est amélioré depuis la dernière fois. Si c'est de la purée qui colle à mon assiette, on s'en va Willow. » prévint Marloes tout en suivant le pas de sa sœur aînée. « Tu saurais comment il va si tu passais le voir de temps en temps. » répliqua du tac au tac la jolie brune, avant que la culpabilité ne fasse son grand retour. Marloes en avait beaucoup voulu à Willow, mais elle essayait de comprendre son comportement. « Désolée, c'était méchant. » Elle se mordit la lèvre, se demandant si c'était le bon moment pour proposer un repas familial. Si elle la braquait trop vite, Will s'offusquerait et retournerait se réfugier derrière son bureau. « Il va bien. » murmura-t-elle. « Même si ces derniers temps, il a développé une étrange passion pour le jardinage. C'est ridicule sérieusement. Il se lève tous les matins à 5heures pour arroser ses fleurs. » Marloes n'en aurait jamais rien su si elle n'avait pas été surprise en rentrant après une soirée un peu trop arrosée. « Je suppose qu'on devrait s'estimer heureuse que sa nouvelle passion soit le jardinage et non pas les voitures de luxes. » Elle divaguait une nouvelle fois, les paroles s'échappant de ses lèvres sans qu'elle ne puisse les retenir. « Bref, ce n'est pas pour ça que je suis là aujourd'hui. Comment tu vas toi ? Est ce que tu as vu la couleur du ciel ces derniers jours ? »

« Oh crois-moi, j'ai pu assister à ton évolution aux cours des ans. Les yeux doux que tu fais à papa à chaque fois que tu veux quelque chose ? C'est cruel. » Ces yeux doux, Willow aussi les avait connus et c'était exactement la technique que Marloes venait d'employer pour la sortir de son bureau. Le pire, c'est que ça marchait à chaque fois. Malgré leurs différences, les deux soeurs étaient très proches et l'aînée des Horsfall serait prête à mourir pour sa cadette. « Oh allez, ce n'est pas si terrible, » répondit-elle dans une grimace dégoûtée car si, c'était terrible. Seulement Willow ne se nourrissait que de ça depuis des semaines et elle avait fini par s'y habituer. Et de temps en temps, ils étaient assez chanceux pour avoir des frites. La cafétéria de la mairie était toute petite, avec assez de places pour accueillir tous les employés et pas une personne de plus. Mais comme personne ne mangeait en même temps et que la plupart préféraient manger dehors ou apporter leur propre cuisine, il y aurait assez de place pour Marloes et elle. Willow eut du mal à encaisser la remarque acerbe de sa soeur mais ne répliqua rien, consciente qu'elle le méritait. Elle déglutit alors difficilement et continua de marcher aux côtés de sa soeur, silencieuse. « Ce n'est rien, tu as raison. » Heureusement pour elle, Marloes était la championne pour passer du coq à l'âne en une fraction de seconde et elle lui en fut reconnaissante de partir sur une optique plus légère. Willow esquissa un sourire amusé. « Il va falloir t'y habituer, ce n'est que le début. Il faut bien qu'il s'occupe maintenant qu'il est à la retraite, sois contente que son hobby ne soit pas de ramener des filles plus jeunes que toi à la maison. » Elle lui donna un coup de coude dans les côtes, échangeant avec elle un regard complice. Elles entrèrent dans la cafétéria et la jeune femme sourit à la vue du repas fast-food qui les attendait, elle n'aurait peut-être pas à entendre Marloes se plaindre pendant tout le repas. « Honnêtement ? » soupira-t-elle, redoutant la réaction de sa soeur quand elle lui avouerait ce qu'elle faisait de ses journées. « J'ai passé beaucoup de temps ici, il m'est même arrivé d'y passer des nuits entières. Zander me le reproche souvent, d'ailleurs. » Tout en continuant de parler à sa soeur, Willow commença à remplir un plateau comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours - car en plus de passer son temps au boulot, elle en oubliait aussi de se nourrir. « Je fais même pas des trucs intéressants, tu sais ? Je dépose ses affaires au pressing, je lui amène son café le matin... Parfois j'ai l'impression d'être Andrea dans 'Le Diable S'habille En Prada'. Sans les fringues tendances, sinon c'est pas drôle. »

« C'est pas cruel, c'est se servir de ses avantages pour survivre. » Mais déjà, Marloes se sentait coupable et se promit d'arrêter de faire les yeux doux pour obtenir ce qu'elle voulait, du moins, pendant quelques temps. Marloes savait comment faire pour obtenir ce qu'elle désirait, mais il lui arrivait de se sentir coupable d'utiliser son père de la sorte. S'il n'y avait rien de bien méchant à ce qu'elle faisait, elle le respectait trop pour l'utiliser comme une petite fille gâtée, qu'elle n'était pas véritablement. « Willow, je suis sûre que la seule raison pour laquelle le service d'hygiène n'a pas encore fermé cet endroit, c'est parce que leur employeur se nourrit ici. » Il n'y avait rien de pire que manger à la cantine de la mairie. Enfin si, il y avait peut être le silence génant qui s'installait entre les deux sœurs après la remarque de Marloes. Elle essayait vraiment d'oublier ses 4 dernières années et le mal qu'avait causé l'absence de sa grande sœur, mais parfois, c'était plus fort qu'elle. Marloes n'était qu'une enfant quand Willow était partie. Elle avait eu besoin de sa grande sœur et celle-ci avait été aux abonnés absents. Mais Marloes savait que Will serait capable de tout pour elle, alors elle essayait d'avancer. Petit à petit. Pas après pas. « Non, vraiment, je suis désolée Willow. C'était une remarque injustifiée de ma part. Mais tu manques à papa. Même s'il le dit pas dans ces termes. » Marloes voulait seulement retrouver une famille unie, entendre, de nouveau, des rires dans la maison Horsfall. « Tu devrais passer pour dîner un soir. Il est devenu vraiment doué pour faire cuire des steaks et des pâtes. » Après le décès de la matriarche Horsfall, Marloes et lui avaient eu du mal à s'acclimater, mais ils commençaient doucement à sortir la tête de l'eau et trouver un rythme de croisière. Son père s'amusait dans son jardin et Marloes pouvait sourire sans se sentir coupable. « Yerk, Will. Ew, ew, ew. » Marloes pouvait sentir la bille monter dans sa gorge. Ce n'était pas une image qu'elle voulait avoir en tête. « C'est pas suffisant de me forcer à manger à la cantine, il faut aussi que tu me dégouttes pour toujours ? » demanda-t-elle tout en réprimant un frisson.« Il n'y a plus aucun doute maintenant. Je vais avoir besoin d'une thérapie. » Elle ne voulait pas imaginer son père avec une autre femme que sa mère, c'était un concept qu'elle n'envisageait pas encore. Attrapant un plateau, elle poussa un soupir de satisfaction à la vue du repas qui l'attendait. « Tu sais que je suis ta sœur et que je te supporterais quoi qu'il arrive n'est ce pas ? » demanda-t-elle tout en attrapant une assiette de frites. « Mais Zander a tous les droits de te reprocher ton nouveau mode de vie. Je sais pas ce que tu cherches à fuir, mais tu ne peux pas continuer à vivre de la sorte. Tu as un formidable fiancé qui a tout abandonné pour te suivre ici. Profite un peu de la vie. » Marloes suivit sa sœur jusqu'à une table vide. « Surtout si c'est pour jouer à Andrea sans pouvoir prêter à ta merveilleuse sœur des Jimmy Choo. »

Willow leva les yeux au ciel, feignant d'être désespérée face au comportement de sa petite soeur. A vrai dire elle la comprenait et elle en aurait probablement usé et abusé si elle avait eu un tel pouvoir. Malheureusement, Willow avait toujours dû se battre pour avoir ce qu'elle voulait. Elle n'avait pas à se plaindre, ses parents avaient toujours été aimants avec elle, mais ils avaient sûrement été plus strictes avec elle qu'ils ne l'avaient été avec Marloes, et elle avait toujours eu besoin de faire ses preuves dans ses groupes d'amis, à l'école puis dans son boulot. Elle ne s'était jamais sentie à la hauteur, les autres ne l'avaient jamais vue pour qui elle était vraiment, et cela avait probablement développé son esprit compétiteur et ambitieux. Sans ces épreuves, elle ne serait pas qui elle était aujourd'hui et elle ne regrettait rien de ce qui lui était arrivé car elle était fière du chemin qu'elle avait parcouru. « Je sais pas comment c'était à ton époque, mais la cantine de l'école de mes jours était pire que ça. Entre les produits à moitié décongelés et les cantinières qui ne portaient pas de filets pour les cheveux, c'était atroce. » Probablement la raison pour laquelle elle avait mangé chez elle les midis pendant pratiquement toute sa scolarité. Willow esquissa un sourire sincère aux paroles de sa soeur, sentant son coeur se serrer dans sa poitrine. Elle savait qu'elle avait raison, elle devait simplement prendre son courage à demain et se lancer dans la gueule du loup. « Il me manque aussi, c'est juste que -- j'ai peur de lire la déception dans son regard. Même Adrian m'en veut pour ne pas être rentrée plus tôt, et je le comprends. Toi aussi tu devrais me détester. Surtout toi, d'ailleurs. » Elle se pinça les lèvres, adressant un regard désolé à sa petite soeur. Elle s'en voulait d'avoir raté l'enterrement de sa mère, pas parce qu'elle le regrettait personnellement et qu'elle avait l'impression de ne pas avoir fait son deuil à cause de ça, mais bien parce qu'elle avait laissé tomber les personnes qui comptaient le plus pour elle au moment où ils avaient eu le plus besoin d'elle. A vrai dire, elle n'était toujours pas allée se recueillir sur la tombe de leur mère. « Tu vois qu'il existe quelque chose de plus dégoûtant que la nourriture d'ici ! » plaisanta-t-elle avant de remplir son plateau, incitant Marloes à faire de même. Les deux soeurs effectuèrent leur petit bonhomme de chemin jusqu'aux caisses, où Willow paya leurs plats à la caissière. La moindre des choses était qu'elle offre le déjeuner à sa petite soeur. Elles allèrent s'installer au fond de la salle, ignorant les quelques autres personnes qui se trouvaient sur place. « Je sais bien, tu as raison, » reconnut-elle encore une fois, visiblement d'humeur à être d'accord avec sa soeur pour toute la journée. Dans une moue boudeuse, Willow attrapa une frite et la fourra dans sa bouche, méditant sur les propos de sa soeur. « J'aime Zander, vraiment ! Mais ce job est aussi très important pour le reste de ma carrière, et puis il y a — » Aaron. La jeune politicienne lâcha un soupir rêveur avant de secouer la tête pour s'ôter ces pensées de son esprit. « Assez parler de moi ! Qu'en est-il de toi, hein ? Bébé Marloes a bien grandi depuis la dernière fois, je suis sûre que tous les garçons sont à tes pieds. » Une façon pas si subtile de questionner sa petite soeur sur sa vie amoureuse qui était bien plus intéressante que la sienne. Haussant les sourcils malicieusement, elle attaqua son plat plus activement alors qu'elle attendait tous les détails croustillants que Marloes avait à lui offrir.

Marloes avait pris l'initiative d'aller déjeuner avec sa sœur. Pour dire vraie, la petite dernière s'inquiétait de plus en plus pour Willow. Elle avait l'impression qu'elle se refermait sur elle même et se cacher du monde entier depuis qu'elle était revenue. Certes Marloes paraissait sûre d'elle, épanouie et heureuse dans sa vie, mais elle ressentait toujours ce besoin de s'assurer que sa famille allait bien, avant de pouvoir être entièrement heureuse. Depuis le décès de sa mère, les choses s'étaient envenimés. Elle ne pouvait pas passer une journée sans parler à son père ou à Willow, au risque d'avoir une crise d'angoisse. « C'était encore pire. Chaque fois que la pelouse était tondue devant le gymnase, on mangeait des épinards. Coïncidence ? Je ne pense pas. » Elle simula un frisson de dégoût avant d'attraper son verre. Elle n'aimait pas trop se souvenir de cette période. Quand sa mère était tombée malade, Marloes avait passé beaucoup de temps à l'école. Elle mangeait à la cantine pour éviter de rentrer chez elle, s'était inscrite à des tas d'activités pour éviter d'affronter une réalité bien trop douloureuse pour elle. Si elle n'avait pas eu son meilleur ami à ses côtés, Marloes n'aurait jamais survécu à cette période. Et elle en voulait à Willow de ne pas avoir été présente. Elle avait eu besoin de sa sœur, mais un océan les avait séparé. Aux paroles de sa sœur, elle haussa les épaules. Marloes avait conscience que cette période n'avait pas été et continuait de n'être facile pour personne. « On fait tous son deuil à sa façon. » Elle essayait d'être compréhensible, parce que Marloes avait peur de lui en vouloir. Elle n'était pas sûre de pouvoir remonter à la surface si elle laissait la colère l'a gagné. « Papa t'aime et il t'aimera toujours. Il comprend peut être les raisons qui t'ont empêché de revenir à la maison quand... à ce moment là, mais il ne t'en veux pas. Par contre, il risque d'être déçu s'il apprend tes fiançailles de la bouche de quelqu'un d'autre. » Et Marloes en avait marre de garder ce secret en elle. Elle n'était d'ailleurs pas très douée pour cela et se félicitait de n'avoir encore rien dit. « Quant à Adrian, c'est sa façon de protéger. Il a peur que tu partes une nouvelle fois, que tu nous abandonnes tous les deux. Il finira par arrêter de raler. » Ou peut être pas. Adrian avait la rancune tenace. Marloes n'essayait même plus de parler de Willow avec lui. Perdue dans ses pensées, la jeune Horsfall suivit sa sœur tout en posant divers choses sur son plateau. « Will, tu crois que papa va fréquenter quelqu'un d'autre ? » Jusqu'à présent, elle n'y avait pas pensé, mais maintenant que Willow avait implanté dans son esprit l'image de leur père avec une femme plus jeune, Marloes allait s'en soucier. S'installant face à sa sœur, un sourire s'étira sur tout son visage. « Est ce que tu peux attester par écrit avoir dit que j'avais raison. » Ce n'était pas tous les jours que sa sœur admettait une telle chose. « Et puis il y a quoi ? Ou plutôt qui ? » demanda Marloes tout en sachant pertinemment la raison du silence de sa sœur. Après tout, elle avait été la plus fervente supportrice d'Aaron, avant leur rupture. « Je pensais les anglais plus subtiles que ça. Ils auraient dû te donner des leçons. » répliqua-t-elle avant de manger une frite. Elle ne savait pas par où commencer, sa vie était trop chaotique pour cela. « Déjà, tous les garçons ne sont pas à mes pieds.» Et même s'ils l'étaient, Marloes ne s'en rendrait pas compte. Son meilleur ami depuis toujours n'hésitait pas à repousser les garçons pour elle. Ils avaient un pacte implicite selon lequel ils avaient chacun un droit de véto. C'était bien là le problème. Aucun garçon n'avait son approbation et aucune fille ne lui arrivait à la cheville selon Marloes. « Il y a bien un garçon. Plusieurs même, mais lui, il est un peu plus important que les autres. Sauf que j'ai l'impression que c'est la Marloes de 15 ans, qui est amoureuse de lui, et pas celle d'aujourd'hui. C'est compliqué à expliquer. Et même si c'était simple, il y a d'autres facteurs en jeu. Adrian n'approuvera jamais pour commencer. Et il n'est pas... » son meilleur ami. Marloes se stoppa dans sa phrase, le rouge lui montant aux joues. Les sentiments contradictoires qu'elle entretenait pour son meilleur ami la mettait de plus en plus mal à l'aise. Elle n'arrivait pas à faire le point. C'était Badgad dans sa tête et Marloes se retrouvait coincée entre une réalité concrète et un futur hypothétique.