little talks and a coffee (r)

Pour faire changement des matins –faux-, Mackie se leva aux aurores pour aller surfer ces vagues qui lui avaient tant manqué lorsqu’elle était en Californie. Quoi de mieux pour commencer la journée avec un smoothie fraise/banane et un bol de céréale croc-natures? Et après ce déjeuner, un bon deux heures à la mer pour surfer sur les grosses vagues de Surfers Paradise. Ce paradis, son paradis à elle depuis toute petite. Mackayla Thompson est née ici-même, à Surfers Paradise. Le surf est sa passion depuis qu’elle est petite. Le mot surf a même bien pu être le premier mot qui sortit de sa bouche. Oui, oui, vous avez bien compris : pas maman ou papa, mais surf! Elle ne s’est jamais aussi bien sentie que sur une planche de surf, dans l’eau, peu importe qu’elle soit chaude ou froide, rien ne lui faisait peur. Depuis toute petite, elle participe à des compétitions. Elle connait donc très bien le sentiment de pression, d’adrénaline, de stress, de plaisir, d’excitation et tous les sentiments qu’on peut avoir lors d’une grosse compétition. Mais s’il y en a une qu’elle se rappellerait toute sa vie était bien celle de l’été de ses 9 ans. Une compétition importante qui l’avait stressée pendant un bon bout. Elle se souviendrait toujours du sentiment de faiblesse lorsqu’elle vit le regard de son père : déçu et honteux. Et puis à peine un an plus tard, ses parents lui annoncèrent qu’ils déménageaient en Californie.

Il était neuf heures lorsque Mackayla sortit de l’eau. Comme elle l’imaginait, elle n’était pas la seule à avoir eu cette idée de surfer en ce dimanche matin. Dernière journée de congé avant les cours qui reprenaient le lendemain. Elle se sécha puis repartit vers chez elle. Quelle chance elle avait d’habiter à une rue de la plage : elle n’avait que cinq minutes à marcher. Arrivée chez elle, elle regarda son portable. Un nouveau message de Marloes lui rappelant l’heure de leur rendez-vous au Starbucks coffee. Marloes était une vieille amie de Mackie lorsqu’elles étaient jeunes et elles n’avaient pas tant gardé contact lors de son départ. Pas qu’elle ne voulait plus lui parler, au contraire. Le problème était qu’elle avait honte et s’en voulait énormément de partir sans ne rien dire à personne. Pendant toutes ces années en Californie, elle n’a gardé contact qu’avec certaines personnes sans trop raconter tous les détails.

Elle se doucha à la va-vite, noua ensuite ses cheveux –vous pouvez remarquer que l’apparence ne lui importe peu- enfila un short jean et une camisole rouge bien simple. Elle sortit ensuite de chez elle, équipée de son sac à dos (et oui, elle ne se sert que de sa sacoche lorsqu’elle sort en boîte ou des soirées chic). Elle monta dans sa Jeep (cadeau des parents, comme elle a de la chance!) et se rendit au Starbucks Coffee rejoindre sa grande amie à 11h, l’heure qui était prévue. « Salut! Waouh, t’as changé tes cheveux dernièrement? » Dit-elle en s’asseyant en face de Marloes.

Mackayla avait bien de la chance d’avoir une amie comme Marloes. Et elle avait aussi de la chance de l’avoir retrouvé après toutes ces années en Californie. Elle n’avait gardé contact avec peu de personnes, dont Marloes. Durant les 8 années en Californie, Mackie appelait son amie, pour lui raconter à quel point elle haïssait l’endroit où elle habitait. À quel point Surfers Paradise lui manquait, à quel point la plage lui manquait. Elle continuait le surf, certes mais ce n’était pas aussi paradisiaque. Après s’être assise en face de Marloes, elle observa ensuite les deux muffins aux pépites de chocolat. Malgré son déjeuner santé du matin, il lui restait encore de la place pour un succulent muffin. Même si elle faisait attention à ce qu’elle mangeait, elle pouvait se permettre des petites gâteries une fois de temps en temps, non? Et puis, ce n’était pas tous les jours que les deux amies trouvaient un temps pour se voir. Lorsque l’une pouvait, l’autre avait quelque chose de prévu à l’agenda. Elle prit une petite bouchée de muffin, mmh succulent!

Mackie avait un très bon sens de l’observation, elle voyait des détails qu’elle seule voyait, ou presque. Voilà pourquoi elle n’eut aucun mal à remarquer que Marloes avait les cheveux un peu plus court depuis qu’elles s’étaient vues, il y a deux semaines. Marloes avait aussi un bon sens de l’observation puisqu’elle remarqua que Mackie s’était séché les cheveux : une première. (Mackie ne prends jamais le temps de se sécher les cheveux, elle préfère les laisser sécher à l’air libre, d’ailleurs, elle les peignait seulement avant de prendre sa douche) « Et c’est très beau, d’ailleurs! Pour les cheveux roses, je crois que tu es bien belle avec ta couleur naturelle. Quoi que si tu les teins en rose, je veux être là pour voir ça! Oh et mes cheveux? Ouais, j’ai pris le temps de les sécher ce matin! » Dit-elle avec un sourire ravi. Ce qu’elle aimait passer du temps avec ses amis. C’était comme si elle n’était jamais partie, en fait. « Les vagues étaient toujours aussi bonne ce matin! Dire que pendant 8 ans, j’ai surfé sur ces vagues à la noix de la Californie. Une chance que je suis revenue! » Puis elle rajouta : « Et toi, ça va bien à la piscine? » Marloes était maître nageuse à la piscine municipale. C’était très rare qu’elle aille se baigner dans une piscine, mais depuis que son amie y travaillait, c’était un peu plus fréquent.

Mackayla adorait cet endroit. Ce qui était plutôt étrange puisqu’elle était aussi du genre à aimer bouger. Rester assise plus de 20 minutes, l’horreur. Une des raisons pourquoi elle étudiait, c’était pour se donner un défi. Vous êtes au courant que la plupart des cours durent environ 3h? Méchant défi, pas vrai? Durant ses heures de cours, elle observait les gens. Elle aimait observer et déduire leur caractère. Que ce soit de la manière qu’ils écoutent, la manière qu’ils tiennent leur crayon ou la manière qu’ils s’assissent, ça l’aidait à les connaître. Sans même leur parler. Étonnant, vous dites? Et partout où elle allait, elle faisait la même chose. Mackie était assise dos au mur, elle avait donc l’espace entier en face d’elle. La table en face se tenait un couple d’une quarantaine d’années. La femme semblait fâchée, juste à voir son regard et ses lèvres crispés. Son mari lui parlait d’un regard désolé. Mackie en déduit donc que l’homme avait probablement trompé et il s’expliquait à sa femme. Pauvre couple. Mackayla avait choisi le célibat. Après avoir eu quelque petit ami au Lycée, qui s’étaient toujours terminé en drame, elle a décidé que la vie de couple ce n’était pas pour elle. Il faudrait un que son copain l’endure et accepte qu’elle préfère sa planche de surf à lui. Bref, qui aimerait se faire devancer par une planche de surf?

« Oh, je suis sûre que ça t’irait bien! On pourrait partir une nouvelle mode : toi en rose, moi en mauve! » Proposa-t-elle, en rigolant évidemment. À ses 15 ans, Mackie et une de ses copines s’étaient fait un défi : celle qui garde ses mèches roses bonbon le plus longtemps se fait servir par la perdante durant deux semaines. Mackayla avait bien entendu gagné, puisque c’était rare qu’elle perdait un défi. « T’inquiète, ces machos n’ont qu’à bien se tenir! » Elle croisait beaucoup de surfeurs masculins sur la plage et elle aimait bien leur montrer de quoi elle en était capable. Heureusement, ils étaient bien plus galants qu’en Californie. La moitié était des vulgaires, l’autre moitié était des vieux salopards de première. « T’as pas envie de postuler pour travailler à la plage? Ça pue beaucoup moins et c’est le paradis! En plus, il y a bien plus de canons à la plage, non? » Elle savait bien que Marloes détestait son job et qu’elle n’avait peut-être pas vraiment le choix d’y travailler, mais elle savait aussi qu’elle serait bien plus heureuse à travailler à la plage.
 

« Oh tu n’as pas manqué grand-chose… c’était plutôt marrant par contre de voir la réaction de mon père quand je suis revenue à la maison la tête rose bonbon! » Puis elle prit une voix rauque imitant son cher père : « Ma petite Mackie! Qu’as-tu fait à tes cheveux bon sang! Vas t’enlever tout ça, faut pas que les voisins te voient comme ça! Oh dieu seigneur ! » Puis, revenant à sa voix normal : « Comme tu as pu le remarquer, mon talent d’imitatrice est toujours aussi bon! » Mackayla n’avait peut-être pas le meilleur talent d’imitatrice au monde, mais au moins elle savait en rire. Elle connaissait ses talents et savait bien que l’imitation n’en était pas un. Et ça ne la dérangeait pas du tout. « Tu me connais, je n’aime pas trop me prendre en photos. Habituellement, c’est ma mère qui prend les photos, mais tu crois réellement qu’elle aurait accepté de garder un cliché de moi les cheveux roses bonbons? » Puis les deux jeunes filles commencèrent à parler du job de maître nageuse à la piscine. Mackayla savait bien que Marloes n’aimait pas tant son boulot. Puis Marloes lui expliqua qu’elle avait promis à son père qu’elle garderait son job jusqu’à la fin de l’année scolaire. « Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour nos pères d’amour? » Dit-elle sans trop savoir si ce qu’elle venait de dire était vrai ou ironique. Mackayla aimait son père, mais elle lui en voulait. Pour pas mal de chose, en réalité. Était-ce parce qu’il a été trop protecteur lorsqu’elle était petite, trop présent, à toujours vouloir qu’elle gagne? Peut-être aussi parce qu’il avait décidé de déménager soudainement, sans rien lui dire? Sans donner de raisons? Mais malgré tout, elle admirait son père. Il était un homme fort, protégeant sa famille, toujours là pour elle et sa mère. Et bien qu’il ne fût pas tellement d’accord avec la décision de Mackie de venir faire ses études universitaires à Surfers, il accepta tout de même de lui payer ses études et l’aider à se trouver un logement là-bas. Pour ça, elle ne pouvait lui en vouloir. Puis Marloes lui parla des beaux mec de la piscine, lui disant qu’elle devrait venir, que ça en valait la peine ; à moins qu’elle n’ait déjà quelqu’un en vue. « Tu crois réellement qu’il existe un homme sur terre qui m’endurerait? Je pense que je les fais tous fuir! Je suis incapable de m’attacher à quelqu’un. J’ai sorti avec quelques garçons et à chaque fois, ça s’est mal fini. La raison? J’étais plus attachée à ma planche de Surf que mon petit-ami. Il y a quelque chose qui cloche, pas vrai? » Mackayla ne s’était jamais vraiment posé cette question. Et si c’était elle qui clochait? Et si c’était elle, le problème? Elle n’arrivait pas à s’attacher à personne. « Mais toi, tu dois en avoir un en vue? »