I will make better mistakes tomorrow (r)

« j'ai la dalle. tu viens avec moi chez burger king? » je levais les yeux au ciel. raphaël avait toujours l'art de poser ce genre de questions débiles qui me faisaient réagir au quart de tour. « je travaille déjà toute la journée là-bas, ce serait cool de pas faire d'heures supp. starbucks? » concrètement, j'aurais très bien pu lui balancer d'autres raisons pour justifier le fait que le burger king, ce serait sans moi aujourd'hui. je savais que lui ne pourrait pas s'en passer. effectivement, mon ami hocha négativement en grimaçant. aucune concession. ça me décevait - et je le lui montrais en expirant longuement, mais je ne pouvais pas l'obliger de m'accompagner, d'autant plus que le café c'était pas tellement sa tasse de thé. je devrai donc aller au starbucks tout seul. génial. quoique c'était pas plus mal. avant de partir, je lui fis un signe de la main. il ne fallait pas s'attendre à une quelconque marque d'affection, je détestais ça. le starbucks était pour moi mon lieu de prédilection, même si je préférais le thé. quand je n'étais pas au travail ou chez moi, j'étais là. le seul inconvénient était les gens. étrangement, les clients qui te regardent de travers, qui t'observent, curieux et qui n'attendent que pouvoir se moquer m'exaspéraient. je préférais m'asseoir seul en buvant mon café qu'en compagnie d'autres personnes qui jugeraient sur la façon de boire ou de tenir son gobelet. mais à force, je m'y étais fait. ça me faisait plutôt rire en fin de compte. pénétrant dans l'établissement, où la chaleur venait caresser mes joues rougies par le froid, je jetais un coup d'œil partout, afin de trouver une place libre qui, espérons-le, le sera toujours après avoir passé commande. mon regard s'arrêtait immédiatement sur une brunette qui ne m'était pas inconnue. pourtant, autant dire que je connaissais beaucoup de brunes - sans compter celles en soirée dont j'ignorais totalement le nom, mais c'était tout le contraire. il y avait eu  un certain malentendu, puisqu'elle pensait comme la plupart des gens que j'étais gay. en lui affirmant que non, elle s'était sentie mal à l'aise et s'était probablement mise en tête de me fuir. alors que je voyais la personne censée l'accompagner partir, je m'approchais d'elle, et déjà la confusion s'installait peu à peu. « oh, maëh, je t'avais pas vu. » dit-elle avant de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. « quoi de neuf? » je ne pus m'empêcher d'hausser un sourcil en souriant légèrement. « je sors tout juste d'un club échangiste. et toi? » je poussai un léger rire en faisant référence audit malentendu, sans bien réfléchir que ça pouvait la rendre encore plus mal à l'aise. j'haussai les épaules avant de la regarder dans les yeux. « rien de spécial.  toi? »  

à chaque fois que je croisais marloes - ce qui était assez rare puisque depuis quelque temps c'était comme si elle m'évitait, j'avais l'impression qu'il y avait de la tension dans l'air. apparemment elle n'avait pas l'air de comprendre mon sarcasme. bien qu'elle ne soit pas la seule, ça me faisait rire, moi qui pensais qu'elle passait au-dessus, il s'avérait que la brune soit naïve puisqu'elle devenait encore plus mal à l'aise - son teint rouge tomate en témoignait. entre elle et moi, c'était certain que ça avait plutôt mal commencé, même si je ne lui en tenais pas rigueur. je m'amusais plutôt de la situation et en rajoutais des couches sur le fait qu'elle s'obstine à croire que j'étais gay. elle n'était malheureusement pas la seule à le penser, pourtant à part ma voix assez aiguë, il n'y avait pas réellement de confusions à se faire sur mon orientation sexuelle. et évidemment j'adorais surenchérir et la voir déconcertée. elle avait l'air tellement paniquée de voir que j'étais sérieux; et c'était d'ailleurs un de mes dons. rester de marbre face à une situation où la plupart des gens exploseraient de rire était ma spécialité. il faut dire que le sarcasme et moi ça fonctionnait plutôt bien, à l'insu des personnes qui en subissaient les frais. au fond, ça me vexait un peu de voir que les gens doutaient de ma sexualité, mais aussi leur réflexion n'était pas appropriée puisque si c'était le cas, je ne serais pas en train de draguer des filles et n'auraient rien à faire dans une boîte si elle n'était pas comme un club échangiste. pourtant, à plusieurs reprises j'avais travaillé ma voix, et autant dire que quand je m'énervais elle n'était plus aussi aiguë qu'en temps normal, mais je ne voulais pas passer par ce stade pour lui prouver qu'elle avait tord. marloes balbutiait quelque peu, sûrement trop choquée de ce qu'elle venait d'entendre. elle rentrait dans mon jeu, c'était assez jouissif. « tu devrais essayer pourtant. c'est cool. » je pouffais ensuite de rire pour lui faire retomber la pression. elle devait être à bout et c'était méchant de ma part de continuer à la faire marcher. la supercherie avait assez duré, et curieusement j'étais impatient de voir sa réaction. soit ça la soulagerait, soit ça l'ennuierait. dans les deux cas, elle avait la preuve que ces doutes ne devaient plus la troubler. « malheureusement pour toi je ne suis pas gay, désolé. sinon je pense que je serai pas autant sur ton dos marloes. » je ponctuais ma phrase d'un sourire provocant. bien que ce ne soit pas ironique cette fois-ci. je voulais sous-entendre que ces arguments étaient infondés puisque sinon je ne l'aurais pas draguée à de nombreuses reprises. cette fois, je pense qu'on pouvait enfin commencer à jouer. marloes rétorquait qu'on avait commencé sur de mauvaises bases. je ne pouvais qu'approuver ses dires, c'était vrai que vu l'image qu'elle se faisait de moi, ça n'avait pas facilité les choses, et l'ambiance avait été parfois glaciales, d'autant plus qu'elle était l'ex de teddy qui était un bon ami à moi. j'avais un peu hésité à lui parler, elle avait surtout l'air d'avoir un caractère bien trempé, et elle se voulait inaccessible. « on recommence du début? » cette phrase sonnait plus comme un pacte d'enterrement d'hâche de guerre, de réconciliations comme les petites filles en dispute entre elles, et cette phrase me faisait perdre tout sérieux. j'avais envie de me claquer la tête contre le comptoir: elle allait sûrement me prendre pour un gosse. je soupirais longuement. enfin, on allait pouvoir redémarrer sur de bonnes bases, et c'était le principal.