i still love you. (r)

« Très bien madame Young, on se voit demain en début d’après-midi et essayez de rester au repos en attendant. » Il raccrocha et se laissa tomba sur son lit, épuisé. Teddy enchaînait les patients et, bien qu’il était très heureux de voir son affaire marcher aussi bien, il n’en était pas moins crevé. Entre l’hôpital, le surf et les soirées, le jeune homme n’avait plus tellement le temps de se reposer. C’est décidé, il arrêterait les soirées à partir d’aujourd’hui. Son portable vibra, signe qu’il venait de recevoir un message. Un de ses potes lui annonçait une méga soirée sur la plage, une véritable tuerie à laquelle Teddy devait absolument faire acte de présence. Il poussa un soupire désespéré, il arrêterait les soirées mais pas ce soir parce que, ce soir, c’est samedi soir et ce serait un sacrilège de ne pas y aller, il briserait le cœur de ses potes à coup sûr. Il était 19H, la fête battrait son plein dans une petite heure ce qui laissait largement le temps à Teddy de se faire une beauté. Un jean, un t-shirt et ses nike noires aux pieds, le jeune homme était fin prêt pour aller danser et déconner avec sa bande de copains. Adrian, son colocataire et meilleur ami, était absent mais Teddy prit la peine de lui laisser un post-it en lui indiquant où il se trouvait au cas où il voudrait se joindre à la partie. Quelques secondes plus tard, il était en bas de son appartement, les clefs de sa voiture à la main direction la plage. De toutes les fêtes qu’il faisait, il considérait qu’il n’y avait rien de mieux qu’une bonne fête à la plage. Le sable, la musique, la mer et les jolies filles, il n’y avait rien de mieux pour s’éclater.

Il claqua la portière de sa voiture et une bande de mecs se retourna vers lui en levant haut leurs gobelets qui contenaient probablement de l’alcool. « Morgenstern est dans la place les gars ! » Teddy ne pu s’empêcher de sourire en tapant dans les mains de ses camarades. Il y avait pas mal de monde sur la plage et la musique était entraînante. Un visage connu fit son apparition et son cœur s’arrêta de battre. De longs cheveux bruns, un teint bronzé et un corps de rêve, pas de doutes, il s’agissait bien de Marloes. Teddy prit son courage à deux mains et se dirigea vers la jeune femme, son sourire de dragueur aux lèvres pour masquer le stress qu’il éprouvait intérieurement. « Salut Marloes, c’est fou de te voir ici. » Il passa une main derrière sa nuque comme si ce simple geste aurait le pouvoir de le détendre. « Je peux t’offrir un verre ? »

Elle se retourna, un sourire que Teddy ne connaissait que trop bien aux lèvres. « Ici ? A la soirée de l’année ? » Elle marquait un point. Cette fête était très attendue ainsi que beaucoup de jeunes et il était évident que Marloes y serait. « C’est plutôt fou de te voir ici. T’es pas un peu trop vieux pour ça. » Ok, elle venait carrément de gagner la bataille et Teddy était en train de couler comme le Titanic. « A une époque, ça ne te dérangeait pas d’être avec un vieux, puis je suis encore très en forme pour mon âge, ne t’en fais pas. » Malgré leurs quatre années de différence, ils avaient vécu une histoire d’amour haute en rebondissements. Ils se voyaient en cachette et, devant les autres, se comportaient comme de simples amis. Elle avait quinze ans, il en avait dix-neuf et, pourtant, il était fou d’elle à tel point qu’il en avait parlé à quelques amis. Grave erreur. Ils commencèrent à le vanner nuit et jour comme quoi il jouait les babysitters et que cette fille était beaucoup trop jeune et immature pour lui. Influencé, il mit fin à cette idylle naissante. Vu le tournent que prenait la conversation, Teddy risquait de se prendre un sérieux mistral et ses doutes étaient bien fondés. « On est dans un pays libre. Tu peux m’offrir un verre, mais ça ne veut pas dire que je t’offrirais la joie de ma compagnie. » Alors là, il venait de toucher le fond. Bien que ses réflexions faisaient mal à son amour-propre, Teddy ne pouvait pas la blâmer. Après tout, il lui avait brisé le cœur et il méritait en quelque sorte qu’elle l’envoie bouler de la sorte. Il avait agi comme un crétin et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il posa une main sur son cœur d’un air dramatique comme s’il venait de recevoir une flèche en pleine poitrine. « Tu me brises le cœur, moi qui me faisait une joie de passer ma soirée avec toi. » Ni une, ni deux, il l’attrapa par la main et la traîna vers le bar, bien déterminé à lui offrir ce verre. « Hey Nick ! Deux tequilas s’te plait. » Il se retourna vers Marloes, le sourire aux lèvres. « Allez, rien que cinq minutes pour se remémorer le bon vieux temps et après tu pourras partir aussi loin de moi que tu le voudras. » Teddy lui tendit un verre. « La belle est servie. A la tienne Etienne ! »

Ses propos lui faisaient extrêmement mal au cœur même s’il ne laissait rien paraître. Considérait-elle vraiment leur histoire comme une erreur ? Non, Teddy ne voulait pas y croire. Il ne voulait pas croire une seule seconde que ce qu’il avait vécu comme son premier amour était pour elle une banale erreur qui ne méritait pas qu’on s’attarde dessus. Avant elle, il n’était jamais tombé amoureux. Elle était la première à lui avoir fait tourner la tête, la première pour qui il était fou amoureux. Il aurait voulu vivre leur histoire au grand jour, mais il avait peur de la réaction d’Adrian, son meilleur ami et cousin de Marloes. Sans compter que la sœur de cette dernière avait l’âge de Teddy, la situation était vraiment compliquée. Elle était la seule fille pour qui il avait pleuré, la seule et unique. « Très bien, une téquila, cinq minutes et après tu me laisses tranquille pour le reste de la soirée ? » Teddy fit une moue de chien battu, cette idée de la laisser tranquille ne lui plaisait pas du tout. A dire vrai, il espérait secrètement pouvoir passer le reste de la soirée avec elle. Depuis leur rupture, ils ne s’étaient plus revus ou bien très rarement et toujours en compagnie d’Adrian. Marloes ne cessait de se montrer hostile envers le jeune homme qui chercher tant bien que mal à la reconquérir. « Et quand je veux dire tranquille, je veux dire aucun droit de me regarder danser, aucun droit de jouer à l’ex petit ami jaloux, et aucun droit de danser avec une autre fille à côté de moi pour me rendre jalouse. » Là, elle était un peu dure. Non seulement il ne pouvait pas passer sa soirée avec elle mais, en plus, il n’avait pas le droit de draguer d’autres filles ? Il l’attrapa par la taille et l’attira à lui avant de murmurer à son oreille. « La seule avec qui je veux danser, c’est toi. » Il termina son verre d’une traite et la tira sur la piste de danse où la musique Te Pintaron Pajaritos résonnait. Teddy prenait un gros risque, il avait peur qu’elle le repousse, lui mette une claque ou, pire, lui achève ses parties génitales. Mais son attirance pour elle était beaucoup plus forte que sa peur de devenir stérile. Il passa une main autour de sa taille et se rapprocha d’elle. La musique était parfaite pour un duo sensuel, un duo qui rapprocherait deux êtres qui s’étaient éloignés. Si Teddy avait bien une qualité, c’était le fait d’être un très bon danseur. « Tu es magnifique. » Et il le pensait. Marloes était une véritable beauté et elle s’était embellie avec l’âge.

« Tu n’as pas à me mentir. » Teddy ne peut s’empêcher de rire en entendant sa remarque. « Pourquoi je te mentirais ? » Il avait toujours trouvé Marloes magnifique. Sa peau bronzée, ses yeux noisettes, ses longs cheveux bruns, son sourire… Tout chez elle lui plaisait bien plus qu’elle ne pouvait se l’imaginer. Il la connaissait depuis qu’elle était petite et il l’avait vu grandir, changer et se transformer en une magnifique jeune fille sur laquelle il avait flashé. Elle lui plaisait énormément, elle lui avait toujours plu et elle lui plairait probablement toujours. Sa personnalité, son rire, même sa façon de l’envoyer bouler le rendait fou d’elle. Il en avait connu des filles, moins qu’Adrian certes, mais il en avait connu quelques unes et pas une seule n’arrivait à la cheville de Marloes. Elle était la seule dont il était tombé éperdument amoureux et pour qui son cœur n’avait jamais cessé de battre. « Tu n’as pas à jouer à ce petit jeu avec moi, Teddy. » Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas qu’il n’avait pas tiré un trait sur leur histoire, qu’il pensait toujours à elle. Certes, il avait fait bonne figure pendant leur séparation, il avait gardé le sourire pour cacher son mal-être et il avait redoublé d’humour pour qu’on ne le questionne pas sur ses cernes, signe qu’il passait la majeure partie de ses nuits à penser à elle. Teddy l’attira un peu plus à lui et rapprocher son visage du sien jusqu’à ce que ses lèvres soient à proximité des siennes. « Je ne joues pas. Je n’ai jamais joué quand bien même tu penses le contraire. » La musique s’arrêta et le jeune homme se décolla de Marloes. Il l’attira hors de la foule et se posta devant elle, son regard plongé dans le sien. « Tu considères peut-être que ce qu’on a vécu était une erreur, mais moi pas. »

Son rire lui fit mal, mais beaucoup moins que ses paroles. « Mais c’était une erreur. Et tu le sais tout aussi bien que moi. Si ça n’avait pas été le cas, on aurait jamais eu à se cacher et je n’aurais jamais eu à mentir sur ma première histoire d’amour. » Il venait de se prendre un coup de poignard en plein cœur et ce dernier saignait, l’hémorragie n’était pas loin. Comment pouvait-elle affirmer une chose pareille ? Comment pouvait-elle dire que leurs sentiments n’étaient que le fruit d’une regrettable erreur ? Il ne pu s’empêcher de rire à son tour, mais son rire sonnait faux. « J’ai le même âge que ta sœur, ton cousin est mon meilleur ami et tu avais à peine quinze ans alors que j’en avais dix-neuf. Tu crois quoi Marloes ? Que les gens auraient accepté notre relation ? » A l’âge qu’ils ont aujourd’hui, quatre ans d’écart ce n’est rien, mais à l’époque, c’était beaucoup. Il avait peur de la réaction d’Adrian sachant que ce dernier voyait Marloes comme une petite sœur qu’il se devait de protéger, il se voyait mal lui annoncer qu’il sortait avec. Et leurs parents ? Ils auraient tout fait pour les séparer. Tout le monde aurait été contre leur amour, ils auraient fini par se quitter. Vivre cacher était alors la seule solution envisageable s’ils voulaient vivre leur histoire. Teddy passa une main dans ses cheveux courts. « Je suis désolé, mais ce n’était pas une erreur. Pas pour moi. Tu me plais, tu m’as toujours plu et je voulais vraiment être avec toi. Je le voulais plus que tout parce que je te trouve incroyable Marloes. » Son cœur battait incroyablement vite dans sa poitrine. Il n’arrivait pas à croire qu’il était en train de lui dire tout ça, cinq ans après leur rupture. Mais c’était plus fort que lui, il ne pouvait pas se taire. Il n’avait qu’une seule envie, la prendre dans ses bras et l’embrasser, comme avant, quand ils se voyaient en cachette et qu’il lui volait un baiser derrière un arbre, quand il faisait glisser ses doigts dans ses cheveux. Au fond, peut-être ne l’avait-elle pas aimé autant que lui. « Tu es la seule fille dont je suis tombé amoureux et, ma seule erreur, c’est d’avoir cru que c’était réciproque. »

Un secret honteux ? C’est vraiment ce qu’elle pensait qu’elle avait été pour lui ? Le cœur de Teddy se meurtrissait un peu plus à chaque mot qu’elle prononçait. Au début, Teddy avait essayé de lutter contre ce qu’il ressentait pour elle. Il se disait qu’il ne pouvait pas faire ça à Adrian, que c’était impossible, qu’elle était trop jeune pour lui et, pourtant, il n’avait pas pu combattre bien longtemps ses sentiments. Il n’arrêtait pas de penser à elle, il n’avait qu’une seule idée en tête, l’embrasser et la prendre dans ses bras. Il voulait la protéger, il voulait la voir sourire et la faire rire parce que, quand elle riait, elle le rendait heureux. Teddy ne l’avait jamais considéré comme un secret honteux, loin de là, elle avait été sa plus grande fierté. Des quelques filles qu’il avait connu avant elle, elle était la plus merveilleuse. Marloes n’était pas comme les autres, elle était unique et c’est ce qu’il aimait le plus chez elle. Il l’avait aimé au-delà de tout et le simple fait de savoir qu’elle se considérait comme un secret honteux lui faisait profondément mal. Il se détestait pour lui avoir fait croire qu’il avait honte d’elle, il se détestait pour l’avoir fait autant souffrir, mais le mal était fait. S’il pouvait revenir en arrière, il aurait fait les choses différemment. Il aurait affronté son meilleur ami et sa famille, il se serait battu pour elle parce qu’elle le méritait. Leur histoire méritait la plus grande des batailles, mais Teddy s’était montré aveugle, naïf et influençable. Après tout, peu importait l’avis des autres, seul leur amour était important. Oh oui, il aurait voulu changer le passé, il aurait voulu la rendre heureuse et passer toutes ses journées à ses côtés pour la voir sourire. « Comment oses-tu ? Tu crois que j’étais pas amoureuse de toi ? J’étais tellement amoureuse de toi que pendant cinq ans, j’ai gardé ton putain de secret. J’aurais pu dire à tout le monde ce qu’il s’était passé entre nous. J’aurais pu exposer au monde entier la vérité. Mais je l’ai pas fait. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que l’idée de te blesser était plus douloureuse que tout ce que je pouvais ressentir. » Teddy sentit son estomac se torde et son cœur accéléra. Alors, oui, elle l’avait aimé et elle avait gardé le secret pour le protéger. Elle avait souffert par sa faute et, malgré la douleur, elle n’avait rien dit pour ne pas qu’il souffre. Teddy passa une main derrière la nuque de la jolie brune et, sans vraiment réfléchir, il posa ses lèvres contre les siennes pour lui offrir un baiser empli de désir et de tendresse. Puis, il se recula tout en gardant une certaine proximité. « Je te demande pardon. Je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai fait. Tu n’as jamais été un secret honteux, tu étais la plus belle chose que j’avais. »

Il était sincère. Marloes avait énormément compté pour lui et il l’avait toujours considéré comme une chose extraordinaire qui avait déboulé dans sa vie pour lui amener amour et bonheur. C’était son petit rayon de soleil, sa joie de vivre n’avait de cesse de le contaminer. Elle savait comment lui remonter le moral, elle savait comment le faire rire, elle savait qu’il suffisait qu’elle l’embrasse pour qu’un sentiment de bien-être l’envahisse. Avec elle, Teddy avait goûté aux plaisirs de l’amour et, après leur rupture, il n’avait jamais pu retrouver pareils sentiments avec autrui. Il n’expliquait pas ce qu’il ressentait pour elle, c’était plus fort que tout et Dieu sait qu’il avait essayé de l’oublier, sans succès. Elle restait ancrée dans son cœur et dans son esprit, comme si elle avait laissé une trace de son passage au feutre indélébile dans son âme. « C’est trop tard. » Non, ce ne pouvait pas être trop tard, il n’est jamais trop tard. Teddy avait peur de tomber amoureux, il était exigent et cherchait à atteindre la même perfection que formait le couple de ses parents. Il voulait trouver une personne avec qui il s’entendrait aussi bien et il avait trouvé ce qu’il cherchait en la personne de Marloes. Et si elle était l’amour de sa vie ? S’ils étaient faits l’un pour l’autre, alors il n’était pas trop tard pour qu’ils reprennent leur histoire là où ils l’avaient laissé. « J’ai attendu tellement longtemps que tu me dises ça, que j’ai l’impression que c’est un mensonge aujourd’hui. » Teddy poussa un soupire. Pourquoi ne voulait-elle pas le croire ? Elle le connaissait pourtant, elle savait qu’il était un mec bien et que mentir n’était pas du tout son genre. Il ne pouvait pas laisser tomber, pas maintenant. Il ne pouvait pas abandonner l’idée d’être avec elle, il ne voulait tout simplement pas tourner la page. « Regardes moi dans les yeux et dis moi que tu ne ressens plus rien pour moi, dis moi que ce baiser ne t’as rien fait et je te promet que je te laisserais tranquille. Mais si tu as encore des sentiments pour moi, accordes moi une chance de te prouver que ça en vaut la peine. » Teddy voulait lui montrer qu’il tenait à elle et il serait prêt à tout pour ça, il ne voulait pas abandonner tant qu’il y avait une chance, aussi infime soit-elle, qu’ils puissent se remettre ensemble un jour.